Je suis née le 20 octobre 1992 en Nouvelle-Orléans, d'une mère américaine monoparentale. Non, ma mère n'est pas asiatique. Ma mère ne m'a jamais parlé de mon père. Je me doutais qu'il dût être important, car elle m'avait tout de même donner le nom de famille de celui-ci. Lee. Je me souviens de l'avoir imaginé, plus d'une fois. À chaque fois, il ressemblait à un prince charmant n'ayant que de bonnes qualités. Il avait vraiment tout du meilleur et je me disais que s'il n'était pas là, c'était sûrement à cause de l’opposition de ses parents d'être avec mère... Ou parce qu'il devait repartir dans son pays... Ou parce qu'il était fiancé à une fille depuis sa tendre jeunesse... Ou parce qu'il était mort pour le pays sur un champ de bataille, après avoir sauvé un de ses compatriotes. Mais j'étais bien loin de la vérité.
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J'ai passé mon enfance dans une maison modeste avec ma mère. Il faut dire qu'elle se démenait pour moi, car elle voulait avoir assez d'argent pour subvenir à nos besoins et nous gâter. De plus, elle ne voulait pas trop travailler, car elle voulait passer le plus de temps possible avec moi. Elle travaillait et travaille toujours pour un magasine de mode. Il faut dire que ma mère adore les vêtements. Je n'ai jamais été mal habillée. Il faut croire qu'elle m'a transmis cette maladie. Selon moi, c'est la meilleure maladie qui soit, car elle m'a permis de me faire un budget et d'être sûre d'avoir assez d'argent. De plus, elle m'a aidé à faire mes premiers morceaux. J'adore !
C'est en maternelle, plus précisément à mes cinq ans, que je fis la connaissance de Chae Rin Lee. C'était une petite fille du même âge que moi. Ce qui nous a rapprochées, c'est notre nom de famille et le fait qu'il y avait une petite ressemblance entre nous. Le professeur avait demandé si nous étions de la même famille. C'est comme ça qu'elle et moi sommes devenues amies. Je dirais même plus, de vraies sœurs. Nous étions toujours proches l'une de l'autre et faisions tout ce qui était en notre pouvoir pour rester ensemble. C'est-à-dire que je demandais à maman de m'inscrire à la même école qu'elle et tout. Nous avons grandi très proche. Nous sommes allées à chaque fête d’anniversaire. Nous forcions nos parents à faire des sorties ensemble. Au début, la situation les rendait mal à l'aise, parce que ma mère était bien spéciale, mais un bon spécial. Une vraie boule d'énergie, qui parle de tout ce qui lui passe par la tête ou qui va faire un peu sa gamine... Mais dans un sens, c'était normal parce qu'elle m'avait eue à dix-huit ans. C'est, d'ailleurs, à cause de moi, si elle n'a pas pu devenir mannequin. Elle était d'une beauté à en tomber. Son rêve est tombé à l'eau à cause des vergetures et des cicatrices que ma naissance avait laissées. Pour moi, ma mère est tout de même la plus jolie.
Enfin, c'est grâce à la famille Chae que je sus ce qu'était d'avoir une famille. Ce que je veux dire qu'il y avait tout, rien ne manquait ! Il y avait les fameux cousins fatigants, les cousines maquillées, la
tomboy. Bref, tout ! De plus, je me sentais comme un membre et ma mère semblait être aussi heureuse. Non pas semblait. Elle était heureuse. Qu'aurais-je demandé de plus ? Découvrir qui était mon père ? Oui, je l'avoue que j'ai toujours voulu savoir, mais la vie ne fonctionne pas comme on le veut et parfois, il ne vaut mieux ne rien savoir. Rien du tout.
Par un beau jour de fin d'année scolaire, un de nos amis à Chae Rin et moi est venu nous retrouver. Je m'en rappelle encore. Nous avions quatorze ans. La période où l'on cherche qui on est et tout cela. Il est arrivé en nous demandant ce que les sœurs Lee allaient faire de leurs vacances. Je ne pus m'empêcher d'avoir un sourire triste, car elle n'était pas ma sœur et que j'étais un peu jalouse du fait qu'elle ait un père. Puis, il m'a dit de pas faire cette tête-là et nous confessa qu'il avait toujours trouvé étrange le fait qu'il y avait une petite ressemblance entre nous et que nous avions le même nom de famille. Il nous dit que peut-être que nous étions réellement reliées. Bon, peut-être pas sœurs, mais cousines de loin, ou autre. Il fallait chercher, c'est tout. Je dois dire que tout ça nous avait souvent effleuré l'esprit, mais nous n'avions jamais rien fait avec tout cela. Nous réfléchissions de plus en plus à tout ça. Puis, je lui ai dit que je devais savoir. J'allais donc fouiller. Elle m'avoua avoir commencé des recherches de son côté.
Nous avons cherché pendant un mois et quelques jours. Nous avions fait les greniers, les bibliothèques, l'hôpital,... Puis c'est dans la chambre de ma mère, caché dans la trappe de sa garde-robe que je trouvai des lettres adressées à un homme. Oh, ils s'écrivaient sous des pseudonymes, mais je compris que cet homme était mon père. Puis, je pris tout le contenu de la trappe et appelai Chae. Elle s'amena chez moi et nous avons lu toutes les lettres dans ma chambre. Puis nous sommes tombées sur une photo. Une photo de ma mère et d'un homme qui ressemblait étrangement à son père. Nous sommes restées bêtes. Ça ne pouvait pas être lui. On dit qu'on a tous un genre de jumeau à quelque part sur la terre. Je lui dis que ça devait être qu'une coïncidence. Elle respira et chercha mon acte de naissance dans ce fouillis. Elle me regarda avec des yeux, en larmes de rage. Je compris. Elle jeta le papier sur mon lit et partit en vitesse.
Je ne sais pas ce qui s'est passé de son côté, mais du mien, je peux le raconter. J'attendis ma mère sur le divan avec la fameuse boîte devant moi. En entrant, elle me salua de façon joyeuse et me déposa un baiser sur le front. Je suis allée du tac au tac. Je lui ai demandé qui était l'homme de toutes ces lettres. Elle m'a dévisagée et a cherché quoi me répondre. Elle a repris sa boîte et m'a dit que ce n'était pas de mes affaires. Ça y était. J'explosai de rage. Je lui dis que ma vie n'était qu'un mensonge depuis le début et que tout ce que j'ai toujours cru et compris n'était que le théâtre d'un mensonge. Un mensonge dont les gens sont en accord avec.
Après tout cela, ma relation avec ma mère a été tendue, car elle avait et a toujours perdu ma confiance. De plus, j'ai arrêté d'aller chez les Lee, mais pour ce qui est de Chae, nous nous sommes, après quelques jours, reparlées. Bref, notre lien n'avait pas changé. Sauf que cette fois, nous étions vraiment sœurs.
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Aujourd'hui, je suis rendu à vingt-quatre ans et je suis étudiante à l'université. J'y suis entré de mes propres moyens. J'ai refusé toute aide venant de ma mère ou de mon père. J'ai réussi à rentrer dans l'expertise qui m'intéressait, la mode. Puis, pour subvenir à mes besoins, je suis mannequin et tout cela me plaît beaucoup. Je bosse vraiment dur pour faire ce que je veux faire dans la vie. J'espère juste ne jamais devenir comme ma mère.