Nathaniel Rodriguez ♦ Je tiens le monde dans mes mains.

Toute cette histoire commence par ma naissance. Monsieur et Madame Martinez, deux espagnols venus se réfugier à Marseille, m’ont accueilli au sein de leur famille. Moi ? Antonio Nathaniel Martinez, fils unique de cette famille. Contrairement aux apparences, nous n’étions pas monsieur ou madame tout le monde. Mon père gérait un trafic de drogues comme il n’avait aucun diplôme et ma mère était une ancienne avocate qui avait fait de la prison. Autant dire que mes parents n’étaient peut-être pas les meilleurs, mais je les aimais malgré tout.

Tout a dégénéré alors que j’avais cinq ans. Nous étions tous en train d’attendre de la marchandise, dans un endroit secret, lorsque la gendarmerie est arrivée. Et c’est devant mes yeux d’enfant, que j’ai vu mes parents se faire embarquer. Pour ma part, ils ont contacté ma grand-mère maternelle qui vivait à Albuquerque au Mexique. Elle est venue me récupérer à contrecœur et une fois ma valise prête, on est repartis dans sa ville. Là-bas, j’ai fait la rencontre de mon oncle, dont je ne connaissais pas l’existence. Pourquoi ma mère ne m’avait pas dit la vérité ? Apparemment, mes parents avaient coupé les ponts avec le reste de la famille. J’ai, pendant de longs mois, essayé de savoir comment aller mes parents. Mais ils ne voulaient plus me parler, alors petit à petit, j’ai abandonné.

Dans une petite ville, alors âgé de 10 ans, j’ai assisté à une fusillade. Mon oncle a été touché, mais je ne l’ai vu que quand la foule s’est dissipée. J’ai couru vers lui et il m’a murmuré un code et « Tiens le monde d’une poigne de fer, fiston », avant de fermer les yeux. J’ai pris mes jambes à mon cou lorsque les sirènes ont retenti dans la rue, et je me suis réfugié dans ma chambre. C’est quelques minutes plus tard que ma granny est entrée. « Niño, dis-moi la vérité ? Está muerto ? » J’ai simplement hoché la tête, incapable d’en dire plus. Elle s’est agenouillée devant moi, avant de m’attraper par le menton pour me forcer à la regarder. « Donne-moi le code mon garçon ». Elle m’a entrainé ensuite avec elle et m’a montré ce que mon oncle faisait. Il était un dealeur également.

Jusqu’à mes 18 ans, Granny a pris le relai de mon oncle. Mais elle était fatiguée, elle était trop âgée également pour s’en occuper.  Et c’est cette même année que j’ai tué mon premier homme. Il est arrivé, et a menacé ma dernière famille. Réagissant immédiatement, j’ai attrapé l’arme qui était sous l’évier, et j’ai tiré trois. Il est mort sur le coup. Les gars de mon oncle se sont occupés de corps. Quant à moi, j’ai dit à ma grand-mère qu’il fallait arrêter, que j’allais reprendre le flambeau. Et c’est ainsi que je suis devenue le nouveau chef des trafics.

Deux ans plus tard, je l’ai rencontré. Malia. Elle m’a de suite fait tomber sous son charme. Je lui ai demandé sa main cinq mois plus tard, car je voulais que ma Granny assiste à mon mariage. Malia a accepté et on s’est mariés. C’est même ma grand-mère qui m’a emmené à l’autel, pour son plus grand bonheur et le mien. Elle est décédée deux mois plus tard, s’endormant dans son sommeil. Ça a été dur pour moi d’encaisser sa mort, mais Malia m’y a beaucoup aidé. Elle a même géré pendant quelque temps les différents trafics de drogue.

A mes 25 ans, Malia m’a demandé un service. Elle venait de rencontrer deux prostituées, et ces dernières demandaient protection. J’ai donc accepté et c’est ainsi que je me suis retrouvé à m’occuper également de prostituées.

Il y a 5 ans, on a tout démantelé car les flics avaient trouvé notre planque. On est donc partis à Orlando. Et on a remonté notre réseau. J’ai acheté une petite boutique et je suis devenu antiquaire. C’était principalement pour maintenir les apparences. Malia m’aidait avec tout ce qui était facture, car j’étais bien incapable de les comprendre, ne sachant pas lire. Mais jamais ma femme ne me l’a reproché.

Il y a 15 mois, Malia est arrivée comme une furie dans la boutique. Pensant qu’il y avait un problème avec quelqu’un des réseaux, elle m’a rassuré immédiatement. Et c’est à ce moment-là, qu’elle m’a avoué que j’allais être papa dans sept mois. N’y croyant pas, j’ai voulu vérifier. Et c’est ainsi qu’elle m’a montré l’échographie.  J’allais être papa !
Ma petite puce est née, Ellie Rodriguez. Je ne voulais pas qu’elle porte mon nom, pour qu’elle ne soit pas mêlée plus que nécessaire aux trafics, aussi, elle a pris le nom de Malia. Ca donnerait sinon une bonne occasion à mes ennemis de s’en prendre à elle.

Deux mois après la naissance d’Ellie, j’ai vu ma femme se faire abattre sous mes yeux. C’était moi qu’il cherchait, c’est elle qui ont tué. Et je les ai tués, tous les trois, avant de serrer le corps de ma femme dans mes bras, pleurant pour la première fois de ma vie. Puis je l’ai relâché, et je me suis à chercher notre fille. Heureusement, ils n’avaient pas trouvé Ellie. J’ai pris ma fille dans mes bras, si heureux et malheureux en même temps. Et c'est après cet événement, que j'ai changé d'identité. Un de mes gars a tout piraté pour qu'on me croit mort en même temps que ma femme et notre fille, dans un incendie. J'ai pris mon second prénom et le nom de ma femme, devenant ainsi: Nathaniel Rodriguez.

J’ai donc engagé une femme pour s’occuper d’Ellie, qui a maintenant huit mois. Après tout, il fallait que je continue à gérer mon réseau et également, ma boutique. Et avec mon travail, je ne pouvais pas m’occuper de ma fille correctement. Surtout que ma petite puce est malade. Et sa Leucémie fait qu’elle a des troubles respiratoires et des insuffisances cardiaques. Je ne peux donc pas la laisser seule, lorsque je suis occupé. La nounou d’Ellie vit avec nous, et elle est au courant de ma double vie. Bien évidemment, je l’ai testé avant pour être sûre qu’elle ne parlerait pas à la police. Mais je sais maintenant que je peux clairement lui faire confiance.